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La Suède : un Etat neutre engagé pour le maintien de la paix

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  • 25 mars 2019
  • 4 min de lecture

De passage à Stockholm pour un week-end, la visite du musée Nobel (Nobelmuseum) situé dans la vieille ville nous paraissait être une étape incontournable. Celle-ci nous a questionnées, et amenées à nous interroger sur la position adoptée par la Suède dans les relations internationales.



La diplomatie de la paix suédoise


Stockholm, jeudi 13 décembre 2018. Un round de négociations de paix concernant la situation au Yémen s’achève. Le ministre des affaires étrangères des Emirats Arabes Unis, l’un des pays de la coalition, a alors déclaré que « la Suède offrait une occasion décisive pour s’engager avec succès dans une solution politique. » Cet Etat scandinave a en effet un fort engagement international pour le maintien de la paix. Il répond d’ailleurs aux critères des Nations-Unies pour exercer cette fonction. Pour l’être, un Etat ne doit pas être membre du Conseil de Sécurité ni venir de la région où le conflit se déroule. De plus, en cas de complications au cours des négociations, l’Etat doit être capable de fournir des unités militaires pour désamorcer pacifiquement le conflit.



Négociations sur le conflit au Yémen, décembre 2018 à Stockholm

Répondant à toutes ces exigences, la Suède se déclare en effet « neutre », et ne cesse de réaffirmer cette position stratégique au cours des deux derniers siècles. Le pays n’a plus été belligérant depuis 1814, et a fait partie des Etats dits « neutres » pendant les deux guerres mondiales. Dans le monde bipolaire d’après-guerre, l’Etat suédois choisit de mener une politique de non-participation aux alliances en temps de paix, visant la neutralité en cas de guerre. Dès la fin de la deuxième guerre mondiale, la Suède se tourne pourtant vers ses voisins scandinaves pour tenter de fonder une Union de Défense. Sa motivation principale réside dans la protection des intérêts des petits Etats afin de limiter les risques d’abus des deux grandes puissances. Cependant, le projet échoue car la Finlande était très dépendante de son voisin soviétique. De plus, la Norvège et le Danemark préféraient se tourner vers l’OTAN. À l’instar de ses voisins, la Suède décide de ne pas rejoindre l’Alliance Atlantique. Par la suite, le gouvernement signe tout de même un Partenariat pour la Paix avec l’OTAN. La neutralité de la Suède n’est néanmoins pas mentionnée dans les traités internationaux, ni dans sa propre Constitution.


Combinée à une diplomatie culturelle…


Outre une participation active aux processus de maintien de la paix, la Suède joue la carte de la diplomatie culturelle. Concept défini par Joseph Nye, la diplomatie culturelle rend compte de la déclinaison du rôle prépondérant de l’Etat dans le champ diplomatique au profit de la culture. Remis pour la toute première fois en 1901, le Prix Nobel est accordé à des individus « ayant apporté le plus grand bénéfice à l’Humanité. » La récompense a été créée grâce à l’immense fortune d’Alfred Nobel, chimiste suédois connu pour l’invention de la dynamite. A l’origine, les prix Nobel sont attribués dans les domaines de la médecine, chimie, littérature et paix. En 1968, avec la participation de la banque de Suède, le « prix Nobel d’économie » est créé. A travers l’attribution du Prix Nobel, la Suède promeut un modèle démocratique dans lequel les droits de l’Homme sont respectés : un monde pacifié du point de vue occidental, où la diplomatie triomphe sur la violence et les conflits. C’est notamment en réaction à cette forme d’ethnocentrisme qu’est naît le Prix Confucius, bien décidé à promouvoir la vision orientale d’un monde en paix.



Cérémonie de remise du prix Nobel de la paix


… Qui agit comme un soft power


La Suède emploie ces prix à des fins diplomatiques. En effet, ces derniers sont un moyen pour le pays de faire preuve d’activisme auprès d’autres Etats. En réponse, les pays visés peuvent s’opposer à l’attribution d’un prix. Ainsi, la Suède parvient à mettre en lumière des individus pouvant être exposés à la violence de leur Etat. Le 18 janvier 2010, Lui Xiaobo, militant des droits de l’Homme chinois, est nommé pour le prix Nobel de la paix. Il est notamment connu pour avoir assuré une médiation entre l’armée et les étudiants lors des manifestations de la place Tian’anmen en 1989 et critiqué le régime autoritaire chinois. Lors de sa nomination, les autorités chinoises ont catégoriquement refusé qu’il se rende à la cérémonie. C’est pourquoi le comité Nobel a décidé de laisser une chaise vide au cours de la remise des prix pour contester la décision du gouvernement chinoise.


Chaise vide en l'honneur de Liu Xiaobo, 2010


En bref, la Suède est bien décidée à apparaître comme un pays neutre et prêt à s’investir dans les processus de maintien de paix à travers une variété d’instruments, notamment la diplomatie culturelle.



Références:

  • Kumlin, Ragnar. « La politique de non-alliance, fondement de la diplomatie suédoise ». Le Monde diplomatique, 1 mars 1961, https://www.monde-diplomatique.fr/1961/03/KUMLIN/24129.

  • Laroche, Josepha. « Le Nobel comme enjeu symbolique dans les relations internationales ». Revue française de science politique, vol. 44, no 4, 1994, p. 599‑628. www.persee.fr

  • « Le Nobel comme enjeu symbolique dans les relations internationales ». Revue française de science politique, vol. 44, no 4, 1994, p. 599‑628. www.persee.fr

  • « The Nobel Peace Prize 2010 ». NobelPrize.Org, https://www.nobelprize.org/prizes/peace/2010/xiaobo/facts/.

  • Touren, Dimitri. « Prix Confucius : un nouvel instrument pour une diplomatie culturelle chinoise ». Le Journal International - Archives,https://www.lejournalinternational.fr/Prix-Confucius-un-nouvel-instrument-pour-une-diplomatie-culturelle-chinoise_a3428.html.

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