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Survol des enjeux géostratégiques en Arctique

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  • 7 févr. 2019
  • 3 min de lecture

Alors que nous étions à Tromsø se déroulait « Arctic Frontier », un cycle de conférences destiné à échanger sur les problématiques liées à cette région. Qu’elles soient environnementales ou stratégiques, ces dernières sont nombreuses et impliquent une multitude d’acteurs. ONG, forums de coopération et Etats sont au cœur de ce jeune « eldorado ».


« L’eldorado blanc »


La fonte des glaces accélérée en Arctique, provoquée par le changement climatique a mis en lumière des ressources jusqu’alors inexploitées. Selon le rapport « US Geological Survey », publié en 2008, l’Arctique concentrerait environ 13% des réserves pétrolières et 30% des réserves gazières mondiales. Les changements subis par ce vaste territoire de 18 millions de km2 ont aussi révélé l’existence de minerais, de charbon et de diamants.

Outre ces considérables ressources dévoilées, la fonte des glaces ouvre de nouvelles voies maritimes potentielles. Des brises glaces à propulsion nucléaire sont utilisés à ces fins. Deux options sont envisageables : une voie longeant les côtes sibériennes s’oppose à une route canadienne. Cependant, les conditions climatiques et la faible profondeur marine rendent complexe l’exploitation de la voie canadienne. La première option constituerait une « nouvelle route de la Soie » pour la Chine puisque les distances entre l’Asie et l’Europe seraient réduites de 40%. Le canal de Suez serait alors évité. Un essai avait été réalisé en 2013 par un navire du transporteur chinois COSCO. D’autres tentatives ont depuis eu lieu et permettent d’adapter la conception des navires pour cette route.


(https://www.researchgate.net/figure/Les-routes-maritimes-arctiques_fig3_265202517)

Les deux principales routes maritimes de l’Arctique : l’une passant par le Canada, et l’autre par la Russie.


Coopérations et conflictualités


L’Arctique est également un territoire sous tensions. Cette région couvre cinq pays différents : les États-Unis, le Canada, la Russie, la Norvège et le Danemark. De nombreuses revendications territoriales ont émergé entre ces derniers qui voient leur souveraineté limitée à la ZEE, zone économique exclusive (200 milles marins au large de leurs côtes). Ils souhaitent obtenir davantage et appellent à une extension de leur plateau continental. Les dorsales de Lomonosov et d’Alpha-Mandeleïev, riches en ressources, sont au cœur de ces revendications. Le sujet fait d’ailleurs débat parmi les scientifiques. Selon certains, ces dorsales sont de nature océanique et non volcanique. Si elles s’avèrent océaniques, les Etats ne peuvent les revendiquer afin d’étendre leur plateau continental.


(http://www.svalbard.fr/nouvelle-polaire/fonte-banquise-Arctique-Russie-nouveaux-territoires-2015_09.htm)

Revendications territoriales en Arctique


Les bases militaires se déploient également en territoire arctique. La Russie s’est dotée ces dernières années de plusieurs bases, notamment sur les îles Kotelny, la Terre d’Alexandra et Sredny. Sur l’île d’Alexandra, l’installation doit permettre à 150 soldats de vivre de manière autonome pendant 18 mois. Mais les Russes ne sont pas les seuls à posséder des bases militaires en Arctique. Les Etats-Unis en détiennent plusieurs, et la Chine souhaite grandement acquérir une présence militaire dans la région. En 2016, le Danemark a par exemple refusé de vendre une base navale située au Groenland (pays constitutif du royaume de Danemark) à la Chine pour des raisons sécuritaires. Le géant asiatique freine même les ardeurs indépendantistes au Groenland. En cas d’accès à l’indépendance, ce jeune Etat n’aurait pas les capacités militaires suffisantes pour tenir tête à la Chine.


Bases militaires en Arctique


Des coopérations entre Etats voient néanmoins le jour sur ce territoire aux fortes potentialités géostratégiques. La Russie s’est par exemple tournée vers la Chine, premier investisseur en Arctique, avec la construction du gazoduc « Force de Sibérie ». Alors que l’Union Européenne formulait ses premières sanctions envers la Russie à la suite de l’annexion de la Crimée, ce gazoduc amorce une véritable coopération énergétique sino-russe.


Les livraisons de gaz devraient débuter en décembre 2019. L’accord a été signé en 2014 entre Gazprom at la China National Petroleum Corporation.


Face aux tensions croissantes, le Conseil de l’Arctique, pourtant créé par Gorbatchev pour démilitariser la zone après la Guerre-Froide, songe à se doter d’un pouvoir politique plus fort afin d’empêcher une escalade des conflits.



Références:


  • Escudé, Camille. « Le Conseil de l’Arctique, la force des liens faibles ». Politique etrangere, vol. Automne, no 3, septembre 2017, p. 27‑36.

  • « Force de Sibérie, le gazoduc géant reliant la Russie à la Chine, en voie d’achèvement ». RT en Français, https://francais.rt.com/economie/51557-force-siberie-gazoduc-geant-reliant-chine-russie. Consulté le 2 février 2019.

  • « L’Arctique, vers un dégel des appétits géopolitiques ? » France Culture, https://www.franceculture.fr/emissions/les-enjeux-internationaux/larctique-vers-un-degel-des-tensions-politiques. Consulté le 3 février 2019.

  • Lasserre, Frédéric. « La géopolitique de l’Arctique : sous le signe de la coopération ». , CERISCOPE, http://ceriscope.sciences-po.fr/environnement/content/part5/la-geopolitique-de-l-arctique-sous-le-signe-de-la-cooperation?page=1. Consulté le 7 février 2019.

  • « Nouvelle géopolitique du monde arctique ». Le Monde diplomatique, 1 mai 2011, https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/banquiseguerre.

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